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La peinture de Mounira Mohamed

Dominique Vecchio, auteur, Genève, in catalogue de l’exposition Pluri-Elles , 2014 

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Accoucher encore. Et encore se battre. Apprendre encore dans cette lutte. Offrir encore les traces de la durée de cet accouchement, les contours de cette rixe, la tournure prise par ce présent conquis sur la toile, étalé sur elle ; offrir l’émergence de signes d’âmes par des traits, des couleurs, du plein, du vide, par, comme de coutume (vieille, vieille ! immémoriale coutume), le lisse, le rêche, par l’humain et cetera, offrir âmes individuelles partielles, âmes collectives partielles, historiques partielles, anecdotiques partielles, mêlées, entièrement mêlées, entièrement solidaires, âmes de vivants ou âmes de morts, âmes de bois, de pierre, de bêtes et de nous aussi, nous retrouvé-e-s animé-e-s peut-être par cette matière travaillée avec et dans tout cela qui manifeste la vie, pleinement endurante vie, pleinement résistante vie – fort faillible fragile vie ! Peindre encore, donc. Peindre. Simplement peindre très, très fort.

Peindre - comme pour découvrir.
Peindre, comme pour découvrir une capacité. 
Peindre ; comme pour découvrir une capacité d’imitation. 
Peindre au dehors !
Gestes imités du dehors. Peinture.

Peindre comme pour partager ce qui fut sien, collectivement sien, il y a des siècles de ça, des siècles durant de ça…, et non pas seulement une expérience coloniale. Peindre pour s’approprier ce qui est soi déjà mais inexprimé de soi encore et des autres soi encore (individus (disions-nous), collectifs, vivants et morts (disions-nous), pierres ou bois ou bêtes ou … etc.). Peindre comme on s’empare joviale et batailleuse des secrets et des moyens de production, parce que le pain est universel et le lait d’une blancheur qui nous rend toutes et tous redevables à l’Unique.

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